La Rue Kétanou
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Biographie
Mélanges, voyages, rencontres, échanges, vive la vie ! C’est leur credo, leur raison et leur manière naturelle d’exister. Citoyens du monde, ils jonglent déjà pas mal à eux trois avec les racines : marocaines (Mourad Musset), portugaises (Olivier Leite), belges (Florent Vintrigner). C’est au Théâtre du Fil que tout commence en 1996 : Florent a vingt-quatre ans, Mourad et Olivier dix-neuf. Branché chanson française, le premier a commencé à écrire ; accordéon en bandoulière, il fonce l’été en Bretagne en compagnie d’Olivier (à la guitare et aux percussions) tester ses compos dans la rue et aux terrasses des cafés. Parallèlement, avec ce même Olivier et sept autres membres du Fil, Mourad (alors très rap) a créé Mektoub, où là aussi, le brassage musical va bon train. Été 98, île de Ré. Pour mieux accrocher les passants lors de leurs pérégrinations estivales, Florent et Olivier décident de monter un petit spectacle théâtral et appellent leur pote Mourad en renfort. Ledit spectacle s’intitule La Rue Kétanou (selon la fameuse formule « C’est pas nous qui sommes à la rue / C’est la Rue Kétanou ! ») et le trio n’imagine pas sur le coup qu’il vient d’accoucher d’un groupe… Normal, chez eux, tout va se passer ainsi ! Naturellement. Sans se poser de questions ; au fil (au « filing ») des frangins-frangines croisés en chemin, dans les squatts (L’Électron libre, La Grange aux Belles…) et les bistrots chantants (L’Attirail, Le Limonaire, l’Ailleurs, l’Autobus…), les Dikès, Loïc Lantoine, Zsuzsanna Varkonyi, Stéphane Cadé, Wladimir Anselme, Allain Leprest… Jusqu’à ce qu’un Arnaud (Viala) emballé se pique de les enregistrer sur le vif, que Bibou, le Tryo de l’ombre (sonorisateur, manager) fasse écouter quelques morceaux à Pat (Patricia Bonnetaud) du label Yélen de chez Sony. Résultat, en 2000, La Rue Kétanou sort son premier disque, En attendant les caravanes…, produit par Salut Ô Productions de Tryo, groupe qui les prend en ouverture de son Olympia et d’une vingtaine de concerts. Enregistré à l’état de maquette (« Nous n’aurions pas été capables de faire autrement ! » avouent les trois loustics), l’album explose de générosité, conjugue fibre tzigane, esprit bohême et flamenco dans le sillage de grands cousins nommés Négresses Vertes et Têtes Raides. On connaît mieux la suite : après avoir fait son apprentissage dans des salles de cinquante places, La Rue Kétanou va passer dans celles de deux ou trois cents, puis s’offrir une longue tournée (avec une chaleureuse escale parisienne à La Cigale) autour de son second album, Y’a des cigales dans la fourmilière, en 2002. Là, entre petites chroniques, portraits, récits qui dénoncent une société anti-fraternelle, c’est un humanisme sans discours, un sens du partage et un esprit festif qui dominent, dans un métissage musical réaffirmé, saxophone et violoncelle en prime. Dingues de la vie, mais pas dupes, les trois dansent comme des diables avec leur public mais l’invitent à garder les yeux grands ouverts : « C’est pas nous qui marchons pas droit / C’est le monde qui va de travers. » Cette démarche prendra tout son sens, tout son sel au cours de la tournée de l’automne 2003, couronnée au début de l’année suivante par la parution d’Ouvert à double tour…, un live en forme de petit livre comportant de nombreux inédits, et préfacé – excusez du peu – par Charles Aznavour, Fred Mella, Loïc Lantoine et Allain Leprest. Et puis, après une série de concerts de soutien, suivie d’une mémorable tournée en 2005, surgit le quiproquo. Comme chacun des trois amis poursuit son fil de projet, l’idée va s’insinuer que La Rue Kétanou, c’est fini… La Rumeur ? La Rue meurt ? Pas du tout. Raté. Perdu. Elle se régénère en allant respirer ailleurs : Mourad et Olivier retrouvent Dikès et quelques autres copains pour l’effervescent Mon côté punk dès 2005, Florent mitonne son album perso (T’inquiète Lazare) qui paraît en 2007, mais cette même année La Rue repart sur la route pour une tournée limitée avec d’impressionnantes soirées, comme celle du Havre, avec les Ogres de Barback et quelques 4 500 spectateurs en délire. Un engouement que vont confirmer les 300 000 téléchargements de vidéos placées sur le site. Aujourd’hui, à l’instar de l’Album Blanc des Beatles, l’album rose de La Rue Kétanou offre le meilleur d’un groupe soudé comme jamais, qui, devenu son propre producteur, enregistre toujours à la maison et constate : « Ce disque-là, c’est un renouveau avec les bases du départ ». Rien de plus vrai : porté par ces voix brutes, belles de leur fibre voyageuse informatable, le flamenco y épouse comme d’hab’, la chanson, le rap et les accents tziganes au détour des quatorze morceaux qui ne parlent au fond que d’amour. Honneur aux femmes d’abord et tendresse surtout (Todas las mujeres, Germaine, Derrière ses cheveux longs), ce qui n’exclut ni l’humour tendre (Ton cabaret), ni le fabuleux rap à fromage (Maître Corbeau), ni la main fraternelle tendue aux sans papiers (Les Derniers Aventuriers), ni, of course, l’hymne permanent à la vie (Prenons la vie, 80 tours de la terre). À Contresens du terme galvaudé de morale, La Rue Kétanou préfère son anagramme planétaire : el amor.